Le Moulin de Recours, une petite présentation

Le moulin de Recours

 

Le moulin de Recours est situé au sur la commune de Saint-Maurice au bord de l’Ebron à proximité du pont de Recours, en direction de Prébois. Construit à la confluence du ruisseau du Bosson (ou Bouzon) et de l’Ebron, il est entouré d’une plaine propice à l’agriculture et de bois. L’eau, seule force motrice utilisée, est prise sur le Bouzon de Saint-Maurice et le ruisseau de Lalley. Ils ne tarissent jamais même en plein été : le moulin était donc le « recours » des cultivateurs qui avaient besoin de faire moudre leur blé par temps de sécheresse. Deux canaux amenaient l’eau jusqu’au bassin puis l’entrée de la conduite forcée. Une turbine placée en sous-sol entraînait un système de poulie qui desservait les machines.

 

Pratique de l’échange et autonomie.

 

Avant mouture le blé était trié et mouillé si nécessaire. Il passait huit fois dans des cylindres cannelés, en acier, pour être moulu. Entre chaque passage, il était séparé par des tamis en soie. La farine, le gros son et le petit son étaient récupérés dans les différentes chambres, appelées maintenant silos. Pour 100 kg de blé apportés au moulin, l’agriculteur repartait avec 70 kg de farine et 30 kg de son, en payant la mouture, ou laissait le son pour le prix de la mouture. Le son était alors revendu aux bûcherons qui élevaient des lapins. Une petite exploitation agricole (potager, verger, un peu d’élevage), permettait aux meuniers d’avoir les choses de la vie de tous les jours : lait, fromage, viande, légumes, fruits.

 

Au moins six générations de meuniers

 

Dès le XIIIème siècle, le moulin est mentionné. Il figure sur la carte de Cassini (XVIIIème siècle) sous le nom de moulin de Prébois, puis sur la carte d’état-major (1820) sous le nom de Recourt. A partir de Marie-Anne Terra, née en 1798, meunière de son état, plusieurs générations vont se succéder au moulin. Il fonctionne d’abord avec des meules de pierres, qui sont remplacées par des broyeurs avant la guerre de 1914. En 1929, Blanche Terra épouse Paul Girard. Ensemble ils feront « tourner le moulin » jusqu’en 1969. En 1937, il est modernisé : une turbine Francis est installée, entraînant par la force motrice les différentes machines qui servaient à moudre et tamiser la farine et une génératrice pour produire l’électricité. Bien que l’activité se soit arrêtée en 1969, la production d’électricité a perduré jusque dans les années 80 !

 

Le moulin aujourd’hui et demain….

 

Vendu en 1993, il a servi de refuge pour animaux pendant une vingtaine d’années, avant d’être racheté à l’automne 2016. Le bâti est aujourd’hui en mauvais état mais la partie moulin proprement dite est en partie préservée, avec engrenages et machines encore en place. C’est une véritable richesse ! Le projet de relancer la turbine et la production d’électricité est donc en cours avec l’aide du Collectif Trièves au Fil De l’Eau, qui regroupe moulins, scieries et autres centrales hydroélectriques dans le but de préserver et mettre en valeur le patrimoine hydraulique et le potentiel de production. Pour le reste du site, un projet est en train de voir le jour : rénovation de la maison d’habitation, création d’un gîte et d’une salle d’activité, débroussaillage et entretien des terres, aménagement d’un local d’activité.

 

Un chantier collectif et basse consommation

 

L’idée générale est de réhabiliter de manière « écologique » : matériaux utilisés (bois coupés sur place ou venant des scieries du Trièves), système d’assainissement par les plantes, isolation thermique extérieure des murs, agrandissement des ouvertures côté sud : à terme, le bâtiment devrait consommer très peu d’énergie. Le chantier est possible grâce à la plate-forme de rénovation thermique du Trièves. Et aussi grâce aux coups de mains de la famille, des amis et des voisins ! Différents chantiers participatifs sont organisés (plate-forme Twiza notamment). Bien sûr cela permet de réduire les coûts et de rendre possible le projet, mais c’est aussi une aventure humaine et des rencontres nombreuses avec les professionnels, les habitants et les gens de passage. Un gage de réussite pour que demain, le moulin puisse revivre !

 

Yvan Bidalot, Marc et Roselyne Girard

 

* Une journée portes ouvertes sur plusieurs sites lors des Journées du patrimoine est en train de s’organiser pour septembre. Informations à venir sur le site www.trievesaufildeleau.org.

 

Photographie : Regine Morisson, http://reginemorisson.free.fr

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